Billets d'humeur
Le 19 décembre 2024
Cheminement très tortueux m’amenant à la création d’un tercet, sur la base du Haïku.
En premier, je dois vous rappeler les contraintes que je m’impose pour la structure d’un tercet :
Il doit absolument respecter la structure des Haïkus en pieds 5, 7, 5 et contrairement à celui-ci, le premier et troisième vers doivent rimer, pour finalement être illustré par un dessin, une peinture ou une photo, le tout affublé d’un titre.
L’idée première me vient le plus souvent au milieu de la nuit lors d’une phase de micro-réveil. Elle apparaît spontanément sans aucun effort ou réflexion, comme une bulle d’air remontant d’un plan d’eau. Le recours à ’hypnose pourrait, peut-être, m’en donner l’origine.
Plus rarement en journée, ce sont les paroles d’une chanson, ou une phrase qui sont les déclencheurs.
Ensuite le processus est quasiment toujours le même, et je vais prendre un exemple récent qui va me permettre de vous expliquer la construction.
Nous partons du proverbe suivant « Qui ne dis mot consent », qui est sorti de la « bulle », en pleine nuit. A partir de là, la machine se met en route.
La musique du mot « consent » tout de suite appelle l’idée « qu’on sent ». Arrivé à ce stade, je me répète, intérieurement, les mots pour les mémoriser et m’en souvenir à mon réveil. De nombreuses idées se sont évaporées à mes début, faute de les avoir bien ressassées. Il m’est même arrivée de me lever en pleine nuit pour les noter.
A mon réveil, je m’installe devant mon ordinateur et, à l’aide du traitement de texte, j’écris tout ce que j’arrive à me rappeler. J’éprouve alors un grand soulagement et peux me détendre, je ne perdrai plus l’idée primaire.
En cherchant à formaliser les mots « qu’on sent » dans un meilleur français, je passe par « que l’on sent », pour finir par « moi je ne sens rien ». Je mets ce vers de côté car il fait 5 pieds, parfait pour la chute. Pour ce qui concerne le proverbe, il fait six pieds, ce qui ne convient à aucun de mes vers. Si je tiens à respecter le proverbe, je ne peux le réduire, il faut donc que je trouve un pieds à ajouter. Je cherche parmi les adverbes, les prépositions, les articles, les pronoms…. La préposition « dans » remporte la sélection. J’obtiens donc les deux tiers de mon tercet : Dans qui ne dis mot consent moi je ne sens rien. De ces mot « brut » l’ajout de la ponctuation, intervient pour habiller, rehausser le texte et j’obtiens :
Dans : « Qui ne dis mot consent »
Moi, je ne sens rien !
Je suis alors assez fière de ma trouvaille, mais le plus dure reste à créer. Le premier vers de 5 pieds, devant rimer avec « rien ». Dans d’autre construction de tercet je me retrouve à rechercher le dernier vers ou, cas le plus facile, le vers du milieu absent, ayant déjà le premier et le dernier qui riment.
Je me focalise d’abord sur la rime, qui parfois me donne le reste du vers, mais dans le cas présent pas d’idée.
Je m’oriente alors vers la recherche de l’illustration, avec l’aide de G….e qui par moment me permets de trouver le vers manquant. En illustration du proverbe, je suis tout de suite interpellé par le montage suivant d’un artiste cubain, Erik Ravelo Suarez (GMM Paris, Galerie Marguerite Milin) :
Alors se produit le déclic, je change complétement le sens de mon tercet, qui doit tailler en pièce ce proverbe d’un autre temps. D’une idée humoriste, je passe à du sérieux. Je dois traiter de la maltraitance des enfants et plus généralement du Consentement.
Le dernier vers se transforme en « C’est d’un autre temps », il me reste à trouver le premier vers rimant avec temps. Mais je tourne en rond et ne me satisfait pas des formules trouvées, cela m’éloigne du sens voulu.
Je fais table rase, ne gardant que le deuxième vers central, entretemps me vient à l’esprit le titre « La sidération ». Puis le sens du premier vers s’impose puisque je souhaite que ce proverbe ne puisse plus interpréter le silence comme un accord tacite. Puis le troisième vers me donne du soucis pour qu’il puisse rimer avec le premier. Enfin après bien des tergiversation j’obtiens ceci :
Ne plus excuser
Par « Qui ne dit mot consent »
Le fait d’abuser.
Ce n’est pas transcendant, mais me convient. Au cours de la lecture, peut-être vous êtes-vous dit, « moi je pense qu’il aurait dû écrire ceci. ». Je vous propose de m’envoyer, au travers du commentaire ce « ceci », afin que nous en discutions.
A très bientôt.
Picsou
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Le 12 décembre 2024
Lettre à Madame Marceline Desbordes-Valmore
Ma très chère Marceline,
Je vous désobéis en m’adressant à vous, à travers les siècles, pour vous témoigner toute mon admiration pour votre œuvre. Plus particulièrement pour votre poème « Les séparés », d’une grande modernité. Sachez qu’un de nos troubadour l’a mise en musique.
Comme je déteste cet amant à qui vous écrivez, pour la souffrance qu’il vous fait endurer. Mais en même temps je le remercie, car sans cette douleur, auriez-vous trouvé les mots pour décrire une telle triste beauté.
Dans toute la littérature, les plus belles pages sont écrites lors de moments d’intense souffrance. Je suis donc trop heureux, à ne pouvoir écrire d’aussi belles choses. Faudrait-il que le malheur me touche pour espérer approcher votre talent ? Non, car il faut plus que cela pour atteindre votre imaginaire, il faut du génie.
Chère Marceline, que je regrette de ne pouvoir voyager vers votre temps, vous rencontrer et me jeter à vos pieds. Je me damnerai pour un moment seul avec vous. Mais encore faudrait-il que je ne reste pas sans voix face à vous et qu’alors vous me jugiez comme un simple d’esprit.
En notre époque, où notre Société lutte pour l’émancipation, l’égalité, le respect dû envers la Femme je m’engage, avec mes modestes moyens, à promouvoir votre œuvre, pour qu’enfin, parmi tous les gens de lettre vous trouviez votre place avec les meilleurs.
Un baiser à travers l'éternité.
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